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Sur la polémique Aya Nakamura aux JO, « il y a bien mieux à dire qu’un débat passé au papier de verre identitaire »

Les polémiques autour des Jeux olympiques (JO) volent en escadrille. Pour la culture – du petit bois à côté du reste –, l’affiche officielle et le fait qu’Aya Nakamura puisse chanter lors de la cérémonie d’ouverture, le 26 juillet, chauffent les esprits. Surtout dans le camp très droitier, où l’on agite la fibre identitaire, estimant que ces choix racontent un pays ayant honte de ses valeurs.
L’affiche dévoilée le 4 mars, conçue par Ugo Gattoni, montre un Paris fantasmé et fourmillant de détails autour de sites emblématiques – la tour Eiffel, l’Arc de triomphe, le métro, la Seine… Beaucoup de signes dans l’image colorée, mais pas un drapeau français, et la croix chrétienne, tout en haut du dôme des Invalides, gommée. Donc ça hurle.
Pour Aya Nakamura, c’est Emmanuel Macron qui l’a fait venir à l’Elysée, le 19 février, pour la sonder : si on fait appel à vous pour les JO, qu’aimeriez-vous chanter ? Elle aurait répondu Edith Piaf (L’Express du 29 février). Rien ne dit que la chanteuse franco-malienne de 28 ans, idole des jeunes, soit retenue, mais ce n’est pas le sujet. Ni le fait que Macron se transforme en directeur artistique. Le sujet, ce sont les avis sur Nakamura.
Un groupuscule d’ultradroite a des mots, « Aya, retourne à Bamako », qui pourraient surtout le mener au tribunal. Sinon, de l’extrême droite au débonnaire Gérard Larcher, on déplore une voix qui chante mal ou « pas en français », blesse la langue, jusqu’à Eric Zemmour, pour qui « les bébés détectent la beauté et votent Mozart à 91 % mais pas pour le rap, la lambada ou Aya Nakamura ».
Dans le cas de l’affiche comme de la chanteuse, le débat est confisqué, passé au papier de verre identitaire, au point qu’émettre une critique, c’est illico être qualifié de réac. Il y a pourtant à dire, et déjà sur la façon dont ces choix sont défendus. On apprend qu’Ugo Gattoni a consacré plus de deux mille heures, soit « six mois de travail intense », pour réaliser l’affiche des JO, y figurant 40 000 personnages. Et qu’il collabore avec de « grandes maisons de luxe françaises ». Comme si la qualité d’une œuvre dépendait du temps passé et du porte-monnaie des clients.
D’autres chiffres, il est vrai phénoménaux, sont brandis pour louer Aya Nakamura. Elle est la chanteuse francophone la plus écoutée dans le monde, et personne n’a fait aussi bien depuis Piaf. Son tube Djadja affiche près d’un milliard de vues sur YouTube. Elle figure dans le top des ventes de 46 pays et participe du soft power français.
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